Paulownias : le miracle vert ou l’illusion écologique ?
Le Paulownia à Mainfonds : Véritable révolution verte ou leurre économique ?
En décembre dans la commune de Mainfonds, la présentation par la société AB Paulownia d’une espèce végétale surnommée « l’arbre magique » a attiré l’attention de nombreux agriculteurs. Stéphane Tison, à l’origine de la société, a défini les initiales AB comme pouvant signifier « Arbre Bénéfique » ou bien « Active Business », suivant l’interprétation souhaitée.
Un projet prometteur… sur le papier
En évoquant une potentielle importante rentabilité, montrant des gains potentiels de 63 000 à 84 000 euros par hectare tous les sept ans pour une mise initiale de 4 000 euros, l’entreprise AB Paulownia se positionne clairement en faveur de l’aspect financier de l’exploitation du Paulownia. Stéphane Tison, ayant un historique d’entreprise en Europe de l’Est, souligne une opportunité d’investissement intéressante.
Critiques et méfiances de différents horizons
Le monde agricole, à travers certains acteurs tels que Yanis Marcillaud, expert en écologie, émet cependant des réticences. Il met en garde contre les promesses de rendement élevé et souligne le risque lié à la mise en avant d’une seule espèce végétale. De son côté, Antoine Daganaud, co-gérant dans le secteur des pépinières, s’inquiète des risques sanitaires associés à une espèce hybride non endémique. Il alerte également sur un prix de vente jugé exorbitant et met en doute la stratégie de monoculture.
Des questions sans réponses immédiates
La préoccupation se fait également sentir auprès de la Chambre d’agriculture, alors que Christian Daniau appelle à une grande prudence dans l’introduction de nouvelles espèces. La Chambre, principalement axée sur l’agriculture destinée à l’alimentation, n’a d’ailleurs pas été consultée par AB Paulownia avant le lancement de leur initiative sur les terres agriculture.
Quant à l’industrie du bois, représentée par Antoine Baron de Toubois, l’intérêt du paulownia en tant que ressource boisée reste à évaluer avec des utilisations industrielles encore non confirmées en France.
L’arbre enchanteur face à une réalité complexe
Fabien Balaguer de l’association française d’agroforesterie admet les atouts du paulownia pour une économie durable, mais incite à la prudence face à des retours non concluants, notamment en Italie. Yves Lacouture insiste sur la nécessité d’avoir du recul, faisant écho aux précédentes tentatives de populariser des essences avec des promesses similaires qui n’ont pas su tenir leurs promesses.
Stéphane Tison : un entrepreneur à la réputation trouble
La figure de Stéphane Tison est entourée d’interrogations, notamment liées à ses affaires précédentes et une certaine opacité dans ses démarches d’entreprise. Les antécédents de saisie, des changements soudains dans la structure et le capital de la société AB Paulownia, ainsi que des liens avec des sociétés offshore, soulèvent des doutes sur les garanties réelles derrière le projet.
Entre les perspectives enthousiasmantes de retombées économiques et les réserves exprimées par les experts et les professionnels du secteur, l’histoire du paulownia reste en balance. La prudence reste de mise devant cette espèce présentée comme miraculeuse, mais dont le succès n’est pour l’instant pas prouvé.